Transmission intergénérationnelle de la pauvreté

Grandir dans la précarité augmente le risque de pauvreté adulte

Ménages
Grandir dans la précarité augmente le risque de pauvreté adulte

Dans le cadre de l’enquête EU-SILC de 2023, Statbel, l’office belge de statistique, a étudié la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.

Il en ressort qu’un peu moins d’une personne sur deux ayant connu une mauvaise ou très mauvaise situation financière à l’adolescence est en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale à l’âge adulte, contre moins d’une personne sur 10 ayant vécu leur adolescence dans une bonne ou très bonne situation financière.

 

 

La pauvreté d’hier pèse sur celle d’aujourd’hui

En Belgique, 44,6% des adultes (population âgée entre 25 et 59 ans) ayant grandi dans un ménage avec une mauvaise ou très mauvaise situation financière sont actuellement en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (AROPE), contre 8,9% parmi celles et ceux qui disposaient d’une bonne ou d’une très bonne situation financière.

Le statut d’occupation du logement à 14 ans est un autre reflet de reproduction sociale : Les personnes qui vivaient dans un ménage propriétaire lorsqu’ils avaient 14 ans ont 77,1% de chance de vivre actuellement dans une ménage propriétaire et 13,3% d’être AROPE. À l’inverse, les personnes qui grandissaient dans un logement loué ont 47,9% de chances de vivre actuellement dans un ménage propriétaire et 33,8% d’être AROPE.

Niveau d’études

Plus le père est instruit, plus la trajectoire scolaire et financière des enfants se révèle favorable. Parmi les individus dont le père a un niveau d’études faible, 33,8 % décroche un diplôme supérieur et plus d’un quart (26,4 %) sont aujourd’hui en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Lorsque le père dispose d’un niveau d’études moyen, la proportion de diplômés du supérieur monte à 59,8 % et le taux d’AROPE descend à 11,0 %. Enfin, grandir avec un père hautement diplômé amène 82,9 % des enfants vers l’enseignement supérieur, tandis que leur risque de pauvreté ou d’exclusion sociale se réduit à 7,8 %. Autrement dit, avoir un père avec un niveau d’éducation élevé divise par plus de trois le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale adulte et multiplie par environ 2,5 les chances de décrocher un diplôme supérieur. Les écarts sont similaires, voire légèrement plus prononcés, quand on considère le niveau d’études de la mère.

Niveau d'études du père Niveau d'études actuel du répondant Risque de pauvreté ou d'exclusion sociale (AROPE)
Niveau d'études faible Niveau d'études moyen Niveau d'études élevé
Père avec niveau d'études faible 24,1% 42,1% 33,8% 26,4%
Père avec niveau d'études moyen 5,6% 34,5% 59,8% 11,0%
Père avec niveau d'études élevé 2,1% 14,9% 82,9% 7,8%
Niveau d'études de la mère Niveau d'études actuel du répondant Risque de pauvreté ou d'exclusion sociale (AROPE)
Niveau d'études faible Niveau d'études moyen Niveau d'études élevé
Mère avec niveau d'études faible 23,1% 41,7% 35,2% 27,0%
Mère avec niveau d'études moyen 4,6% 33,7% 61,7% 10,7%
Mère avec niveau d'études élevé 2,0% 14,3% 83,7% 6,1%

Besoins scolaires de base et pauvreté

En Belgique, 3,7 % des adultes interrogés déclarent ne pas avoir disposé, à 14 ans, pour des raisons financières, des manuels et équipements scolaires essentiels (7,0 % à Bruxelles, 4,4 % en Wallonie et 2,7 % en Flandre). 58,7 % de celles et ceux qui manquaient de fournitures scolaires pour raisons financières se trouvent aujourd’hui en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, alors que ce taux descend à 15,9 % chez les personnes qui étaient correctement équipées à 14 ans.