En 2022, 116.380 décès ont été enregistrés en Belgique. Cela représente 4.089 décès de plus que l’année précédente, soit une hausse de 3,6% par rapport à 2021. Si l’on compare avec une période référence plus longue, à savoir la moyenne des années 2017, 2018, 2019 et 2021, la hausse atteint 5,5%. Cette hausse s’observe surtout en Région flamande et en Région wallonne, ainsi que parmi les femmes et les personnes âgées de plus de 85 ans. Un nombre de décès plus élevé que de coutume a été principalement observé en avril, en été et en décembre. C’est ce que montrent les chiffres de Statbel, l'office belge de statistique.
Dans cette publication, le nombre de décès durant l’année 2022 est comparé avec le nombre de décès en 2021 et le nombre moyen de décès durant la période 2017-2018-2019-2021. Cette période de référence n’inclut pas l’année 2020, car la pandémie de coronavirus a eu un effet important sur le nombre de décès cette année-là. D’autres recherches scientifiques doivent montrer quel est l’impact de la structure de la population sur le nombre de décès [i] .
Les décès augmentent de 5,5% par rapport à la moyenne de 2017-2018-2019-2021
Avec environ 116.380 décès en 2022, on observe une hausse de 3,6% par rapport à 2021. La comparaison avec une période de référence plus large est toutefois plus intéressante. Le nombre de décès fluctue d’une année à l’autre sous l’effet de différents facteurs, comme l’intensité de la grippe saisonnière, les températures mesurées en été ou la pollution de l’air. La moyenne des années 2017, 2018, 2019 et 2021 est de 110.328 décès. Même quand on le compare à cette moyenne, le nombre décès observé en 2022 est élevé : 6.052 décès supplémentaires, soit une hausse de 5,5%.
Une augmentation surtout en Région flamande et en Région wallonne
Des différences régionales se cachent derrière cette hausse du nombre de décès. Par rapport à la période de référence longue (2017-2018-2019-2021), nous constatons une hausse du nombre de décès en 2022 : +6,8% en Région flamande et +4,6% en Région wallonne. Dans la Région de Bruxelles-Capitale, le nombre de décès est resté pratiquement identique par rapport à la moyenne de la période longue (-0,2%).
Par rapport à 2021, le nombre de décès a augmenté de 0,7% à Bruxelles, de 2,6% en Wallonie et de 4,7% en Flandre en 2022.
La différence de structure de la population entre les régions joue peut-être un rôle. La Flandre affichait par exemple la plus forte proportion de personnes de plus de 65 ans au 01/01/2022 (20,9%). Elle était suivie par la Wallonie (19,3%) et Bruxelles (13,1%). Des analyses plus approfondies sont nécessaires afin de mesurer l’effet des différences de composition de la population [i].
La mortalité augmente chez les femmes et les plus de 85 ans
Le nombre de décès chez les femmes a augmenté de 6,5% en 2022 par rapport à la moyenne des années 2017, 2018, 2019 et 2021. Le nombre de décès chez les hommes a également augmenté de 4,5%. La comparaison avec 2021 uniquement montre une forte hausse chez les femmes (+7,1%) et un nombre de décès resté quasi identique chez les hommes (+0,3%).
Au niveau de l’âge, on observe le plus gros impact chez les plus de 85 ans et des hausses à partir de 65 ans. Par rapport à la moyenne des années 2017, 2018, 2019 et 2021, le nombre de décès enregistré en 2022 a augmenté de +9,6% chez les plus de 85 ans, de +3,2% chez les 75-84 ans et de +6,2% chez les 65-74 ans.
Par rapport à 2021, on observe surtout une hausse chez les plus de 85 ans en Belgique en 2022 (+9,8%). Dans les autres tranches d’âge, le nombre de décès ne varie pas fortement entre 2021 et 2022. Cela explique probablement en partie pourquoi le nombre de décès a augmenté plus fortement chez les femmes que chez les hommes en 2022. En effet, au 01/01/2022, 66,3% des personnes âgées de plus de 85 ans étaient des femmes.
Une mortalité plus élevée surtout en avril, pendant l’été et en décembre
Si l’on compare la mortalité par mois, on note une mortalité plus élevée que de coutume pendant certaines périodes spécifiques : le mois d’avril, les mois d’été, et plus particulièrement le mois d’août, ainsi que le mois de décembre. Les causes sont très probablement diverses.
On observe un premier pic du nombre de décès en avril 2022 (+15,2% par rapport à la période 2017-2018-2019-2021). Ce pic s’expliquerait par une légère augmentation du nombre de décès dus au coronavirus et à la grippe[ii].
Les mois d’été, et particulièrement le mois d’août, se sont caractérisés par un plus grand nombre de décès que prévu. En juin, juillet et août, les décès augmentent de respectivement +7,6%, +4,8% et +10,6% par rapport à la période 2017-2018-2019-2021. L’été 2022 a été exceptionnellement chaud et la qualité de l’air n’a pas toujours été bonne. Sciensano a constaté une forte surmortalité l’été dernier, la plus forte des 20 derniers étés [ ii],[ii].
Enfin, un plus grand nombre de décès est également observé en décembre 2022 par rapport à la période 2017-2018-2019-2021 (+16,2%). Il n’y a de nouveau pas d’explication claire. Il s’agirait d’une conjonction de différents facteurs. Le nombre de décès liés au coronavirus était plutôt limité mais les virus de la grippe et du VRS circulaient également. Enfin, nous avons également connu en décembre un pic de froid avec une dégradation de la qualité de l’air [ii].
Les résultats définitifs sur les causes de décès seront étudiés afin de mieux cerner las causes de la hausse de la mortalité durant les différentes périodes.
Position dans les données historiques
Statbel dispose de données historiques sur le nombre de décès par an depuis 1841 et par mois depuis 1919. Dans l’ensemble de données historiques, nous pouvons également comparer les taux de mortalité bruts. Il s’agit du rapport entre le nombre de décès et la population totale. Le taux de mortalité brut présente globalement une tendance à la baisse. Cette tendance a été interrompue par la pandémie de coronavirus. Sur les 182 années observées depuis 1841, 2022 occupe la 165e position avec un taux de mortalité brut de 10,0 pour mille. Ce résultat est nettement meilleur que la 147e position occupée par l’année 2020, marquée par le coronavirus, et ses 11,0 pour mille mais moins bon que la 172e place de l’année 2021 avec 9,7 pour mille. Il est important de signaler que les 17 années (des places 166 à 182) qui présentent un taux de mortalité brut inférieur à celui de 2021 se situent toutes dans le siècle actuel.
[i] L’exemple le plus connu est la distribution des âges. Elle change au fil des années et exerce dès lors une influence sur le nombre de décès au sein de la population.
[ii]https://www.sciensano.be/fr/coin-presse/analyse-de-la-surmortalite-en-2…
[iii]https://www.sciensano.be/fr/coin-presse/la-surmortalite-durant-lete-2022